Le Maroc transforme un black-out espagnol en démonstration de puissance énergétique

Publié le 01/05/2025
Le Bulletin


Dans un entretien exclusif accordé à El Independiente, Younes Maamar, ancien directeur général de l'Office National de l'Électricité et de l'Eau potable (ONEE), révèle les coulisses d'une intervention décisive lors du black-out historique qui a frappé l'Espagne le 28 avril 2025.

Quand la fréquence du réseau espagnol s'est effondrée, entraînant la perte de 60% de la demande électrique nationale, le Maroc a immédiatement réagi. "Notre architecture d'interconnexion non synchrone nous a permis d'isoler notre réseau dès les premiers signes de défaillance", explique Maamar. Cette réactivité a non seulement protégé le réseau marocain, mais a aussi permis au royaume de renverser la situation : d'importateur de 778 MWh, le pays est devenu exportateur, injectant jusqu'à 900 MW dans le réseau espagnol via les lignes sous-marines reliant Fardioua à Tarifa.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a salué publiquement cette intervention qui, conjuguée au soutien français, a accéléré la stabilisation du réseau péninsulaire. Cette prouesse technique repose sur une infrastructure sophistiquée : deux lignes sous-marines de 400 kV d'une capacité totale de 1 400 MW, utilisant une technologie en courant continu qui garantit l'indépendance opérationnelle entre les réseaux.

Cette démonstration de force s'inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté énergétique. Le Maroc diversifie ses sources d'énergie, investit massivement dans les renouvelables et développe ses infrastructures de gaz naturel liquéfié. "Nous construisons un hub énergétique entre l'Europe et l'Afrique", affirme Maamar. Une troisième ligne électrique vers l'Espagne est prévue d'ici 2028, tandis que des projets d'interconnexion avec la France, la Mauritanie et l'Afrique de l'Ouest sont à l'étude.

Cette vision d'une intégration régionale croissante se concrétise par des projets ambitieux. Le Maroc plaide pour des réserves stratégiques communes et des investissements conjoints, tout en élargissant son mix énergétique. L'épisode du black-out espagnol aura ainsi démontré la pertinence de ces choix stratégiques et la capacité du Maroc à assumer un rôle de premier plan dans la sécurité énergétique régionale.